Mon nom est rouge
Je m'appelle Rouge
Le sultan a chargé plusieurs des artistes les plus acclamés de son royaume de créer un livre célébrant les gloires de son royaume. Avec le
l'influence de la Renaissance européenne dépassant ses frontières, les artistes de l'Est ont pris note de la façon dont leurs homologues de l'Ouest immortalisent non seulement leurs monarques, mais même des personnes de haut rang. Cette influence de l'art infidèle crée des problèmes majeurs pour une société ancrée dans la tradition. L'idée même de distinguer le modèle, ou de représenter des marchands ou même des femmes dans un paysage qui diminue (points de fuite) est un affront à l'Islam.
Le sultan lui-même, n'étant pas à l'abri de ces nouveaux modes de représentation, confie à ses miniaturistes la tâche d'éclairer l'œuvre à l'européenne. Mais parce que l'art figuratif peut être considéré comme un affront à l'islam, cette commande est une entreprise dangereuse. Lorsque l'un des miniaturistes choisis disparaît, une histoire complexe de "qui l'a fait" se déroule.
Chaque chapitre de My name is Red est écrit avec la voix de la personne présentée, par exemple le chapitre un, "I Am A Corpse", commence avec la victime préparant le terrain pour
les circonstances qui ont conduit à sa mort. Le lecteur est raconté l'histoire par une multitude de personnages et l'intrigue se développe par la révélation d'histoires dans les histoires. Cela rappelle ces poupées gigognes russes. Au fur et à mesure qu'on en retire un, on en trouve un autre, etc. Le récit me rappelle ces conteurs persans
qui mettaient en place une toile de fond peinte et commençaient à raconter leurs histoires, imitant les voix de leurs personnages et changeant le décor au fur et à mesure.
Ce livre regorge d'histoires sur la littérature persane, les influences chinoises apportées par les Mongols et la vie des miniaturistes eux-mêmes. Artistes
d'aujourd'hui trouveront de nombreuses discussions et débats sur la forme et le style, la relation de l'art à la morale et la société et la religion.
J'ai trouvé ces observations plutôt intéressantes sur le style en particulier:
- "L'imperfection donne naissance à ce que nous appelons le style."
- "Une image parfaite n'a pas besoin de signature."
- "En mariant la 1ère et la 2ème constatation, il est ainsi démontré que 'signature' et 'style' ne sont que des moyens d'être effrontément et bêtement soi-même.
félicitations pour un travail imparfait. "
En raison de mon héritage, je me tiens debout avec un pied planté à l'Ouest et l'autre à l'Est. Cela m'oblige non seulement à rejeter ces observations, mais à remettre en question la météo
ou non, il pourrait y avoir un grain de vérité en eux. Bien que je signe mes peintures, je trouve cela plutôt lourd et distrayant. Pour moi apposer ma signature sur une toile c'est
similaires à ces étiquettes de créateurs qui font du vêtement une publicité ambulante pour la marque. "Regardez, cette belle peinture est faite par moi !" Si ce n'est pas auto-
félicitations et autopromotion, comment l'appellerait-on autrement ? !
Ensuite, il y a le style. Je n'ai jamais compris cela, la façon dont je peins ce que je vois, c'est mon style ! En tant qu'artistes, nous passons des heures à imiter les œuvres d'autres artistes, pour comprendre comment une scène réaliste est exécutée de manière convaincante. Peindre de manière réaliste laisse peu de place au développement du style. Quand je vois des portraits de personnes ressemblant à un
morceau d'argile inachevé, dans une multitude de couleurs, je pourrais le qualifier de style unique de l'artiste. Mais si la nature est parfaite et si nous, en tant qu'artistes, devons imiter la nature, alors cette représentation imparfaite ne serait-elle pas la source du soi-disant style ?
En voici une sur la signification de "Art":
- "Pour éviter les déceptions dans l'art, il ne faut pas le traiter comme une carrière."
- "Malgré le grand sens artistique et le talent d'un homme,
il devrait chercher l'argent et le pouvoir ailleurs pour ne pas abandonner son art
lorsqu'il ne reçoit pas une compensation appropriée pour ses dons et ses efforts."
Les obligations monétaires, les délais, les clients difficiles à satisfaire, etc. limitent la liberté du portraitiste dans le développement de nouvelles idées et approches. Abandonner son art équivaut à la mort artistique. Une mort lente, angoissante, torturée ! Trouver un équilibre entre l'art comme carrière et l'art pour l'art serait
le but ultime! J'ai découvert que si un client aime mon travail, il doit me faire confiance quant à la façon dont j'ai l'intention d'aborder le travail. Si cette personne veut que les choses soient faites différemment, je n'abandonnerai pas mon art !
Depuis que j'ai vécu en Iran, j'ai toujours été émerveillé par la perspicacité de la philosophie orientale. À première vue, de telles déclarations semblent farfelues, mais lorsqu'elles sont données
certains pensaient qu'ils faisaient un argument très convaincant. Ce livre fait écho aux luttes séculaires entre l'Occident et l'Orient, non seulement dans la façon dont les idées occidentales infiltrent l'Orient, mais aussi dans la façon dont la philosophie orientale est souvent mal comprise.
Mais comme le dit le miniaturiste Butterfly : "Un artiste ne devrait jamais succomber à l'orgueil de quelque sorte que ce soit, il devrait simplement peindre comme il l'entend plutôt que de s'inquiéter de l'Est ou de l'Ouest."
Ce roman a été écrit par Orhan Pamuk et a été traduit du turc vers l'anglais. Il a valu à l'auteur le IMPAC Dublin Literary Award.
